La nuit était profonde et silencieuse sur la cité... Ostia, premier port de l'Empire ne connaissait que rarement une telle quiétude et la rade, habituellement fourmillante d'activité de jour comme de nuit semblait déserte, parcourue d'un vent glacial venu du Nord.
Les rues, plongées dans l'obscurité totale de cette nuit sans lune, n'étaient parcourues que par quelques ombres furtives, animaux errants à la recherche de nourriture ou mendiants poussés hors de leur refuges précaires par le froid mordant.
L'une d'elles pourtant, perchée sur le toit d'une belle villa du quartier commerçant, savourait ces instants de calme si rares dans la cité et cette absence de lune si pratique pour ses activités...
Ignorant le froid, emmitoufflée dans une épaisse capeline de laine, Lucrèce attendait depuis deux heures déjà que sa cible daigne rentrer d'une énième nuit d'orgie. Elle ne savait pas grand chose de celle-ci, si ce n'est qu'il s'agissait d'un riche marchand d'esclave aux moeurs dissolus, comme la moitié des notables de la cité. Ses visions n'étaient pas toujours claires, et elle ne comprenait pas toujours les motivations de sa Mère... Mais celle-ci n'était-elle pas après tout une déesse?
Elle n'était qu'une enfant lorsque Luna l'avait adoptée, petite fille sans défense au milieu d'un village en proie aux flammes. Elle l'avait appelé à elle, su faire taire ses pleurs et remplacer ses parents désormais oubliés. Bien sûr elle n'était pas une mère comme les autres, une louve ne pouvait pas être la mère d'une petite humaine... Mais Lucrèce la comprenait mieux que tout autre membre de sa propre espèce. Elle lui avait enseigné l'art de la chasse, lui recommandant de ne jamais s'attacher à un être humain, car de tous les prédateurs, ils étaient les plus dangereux et imprévisibles.
Lucrèce était devenue la chasseuse nocturne, imprégnée de la philosophie de Luna. Elle chassait pour l'équilibre, pas pour le chant du sang, le plaisir du meurtre. Elle tuait ceux qui foulaient cet équilibre au pied, comme sa cible du jour. Marcellus Tertius faisait fortune en commerçant des vies et devait être détruit.
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La lumière d'un flambeau traversait les ténèbres. Lucrèce sortit immédiatement de sa rêverie et se concentra sur les ténèbres... Il y avait trois silhouettes, l'une d'elle semblait soutenue par les deux autres, probablement ses gardes du corps, la jeune fille entendait des cliquetis métalliques éloquents. Ils n'avançaient pas très vite et un chant paillard entrecoupé de hoquets s'élevait.
Lucrèce fronça les lèvres de dégoût...
Ils arrivaient à proximité de la porte et le premier garde s'arrêta, confiant le marchand avachi à son compagnon... Elle distingait désormais leurs visages, éclairés à moitié par la lumière de leur torche.
Lucrèce siffla silencieusement entre ses dents.
"Ce porc a les moyens" se dit-elle... Les deux gardes du corps semblaient bien armés et leur visage évoquait celui des vétérans de la légion.
Le garde de tête ouvrit la porte et laissa passer son compagnon, qui soutenait toujours le marchand éméché, puis la porte se referma en grinçant et l'homme, s'emmitoufflant dans sa cape, s'installa devant l'entrée.
Quelques lumières s'allumèrent à l'intérieur alors que la chanson s'élevait toujours, nasillarde et écoeurante, troublant le silence environnant.
Une nouvelle heure passa, puis les lumières s'éteignirent enfin, l'obscurité ambiante reprenant ses droits.
Lucrèce s'ébroua, étirant chacun de ses muscles légèrement engourdis par l'attente et le froid et commença à se déplacer furtivement jusqu'au bord du toit. Elle se laissa tomber dans un silence parfait sur une terrasse qui donnait normalement directement sur la chambre de sa cible et se glissa entre d'épais rideaux...
Le marchand ronflait bruyamment, vautrés au milieu de ses couvertures. Ce serait facile, presque décevant... A pas de loups, elle s'approcha du lit et enfila ses gants prolongé de griffes mortelles en métal d'étoiles, c'était sa signature... celle de sa mère et de tous les siens. On croirait qu'une bête sauvage s'était introduite dans la chambre de l'infortuné commerçant.
Récitant dans sa tête une prière à Luna, elle leva ses griffes, se préparant à les abattre sur sa victime endormie lorsqu'elle s'interrompit brusquement... quelque chose clochait... Le silence ... Les ronflements s'étaient brusquement interrompus et l'homme avait ouvert des yeux à l'éclat métallique qui la fixaient. Lucrèce s'aperçut alors de son erreur, l'homme qui dormait sous ses yeux n'était autre que le garde déguisé, on lui avait tendu un piège.
L'homme, rapide comme l'éclair, lui projeta les couvertures au visage et se releva d'un bond. Lucrèce, en deux coups de griffes, déchira le tissu et se projeta dans la direction de son adversaire... Il fallait qu'elle le tue avant qu'il ne puisse donner l'alerte. Mais lorsqu'elle jaillit des couvertures, il n'était déjà plus dans son angle de vision et elle sentit un déplacement d'air rapide derrière elle. Elle n'eut que le temps de se plaquer au sol pour esquiver un puissant coup de glaive, qui l'aurait probablement coupée en deux.
Le coup passé, elle roula de côté et et n'eut que le temps de projeter ses bras en avant en une parade désespérée, alors qu'une silhouette se jetait sur elle.
Les yeux de l'homme brillaient dans l'obscurité et il ne semblait nullement vouloir donner l'alerte, elle y vit une lueur d'exaltation, celle du combat, qu'elle même connaissait comme une soeur. Elle sut également que le combat était très mal engagé, l'homme était beaucoup plus puissant qu'elle et la chambre, petite, ne lui permettrait pas d'exploiter au mieux son agilité pour esquiver les coups. Un nouveau coup d'estoc s'abattit manquant de la clouer au sol, mais elle reussit à se relever en une petite feuille morte et passa immédiatement à l'attaque, se lançant dans une danse mortelle ou chacun de ses coups, rapides et précis, cherchaient un point vital de son adversaire. Elle sentit avec satisfaction l'une de ses griffes déchirer la chair et le sang couler sur son bras, l'homme poussa un petit grognement mais il ne s'abattit pas sur le sol et avec une rapidité surprenante pour son gabarit, bondit hors de portée des coups de la jeune fille.
Elle le vit sourir de toute ses dents alors qu'il avança de nouveau, l'acculant inexorablement vers la porte fermée.
Lucrèce se défendit comme une diablesse, parant tous les coups de l'homme jusqu'à ce qu'elle sente le froid de la porte contre son dos. Sa dernière chance était de lancer une attaque désespérée, et, telle un loup acculé dans son propre terrier, elle se jeta sur lui en un éclair, toute griffes et dents dehors...
L'homme para calmement toutes ses attaques et c'est avec des larmes d'impuissances qu'elle vit le plat du glaive s'abattre sur sa tête. Elle vit un éclair passer devant ses yeux, sentit l'amer goût du sang dans sa bouche et sombra finalement dans l'inconscience alors qu'elle entendit l'homme murmurer à son oreille :
"Tu t'es bien battue petite louve, mais tu n'avais aucune chance contre moi... Le maître sera content, tu feras une recrue de choix pour son équipe et peut-être qu'un jour, tu auras une deuxième chance de me battre... Si tu ne meurs pas sous les coups d'un autre, mais je crois que celà n'arrivera pas!"
C'est lors de cette nuit sans lune que Lucrère perdit sa liberté... (fin de la première partie)
/hrp
Bonjour à tous et merci de m'accueillir parmi vous. Je suis heureuse de trouver ici une communauté RP et mature (bouh le SMS, bouh!) et j'espère faire un bon bout de chemin à vos côté.
Pour l'instant je ne suis que niveau 12 mais ayant un ordinateur à portée de main à longueur de journée, celà ne pourra qu'évoluer rapidement.
Longue vie à la Compagnie des Treize lune et à une petite Louve qui veut retrouver sa liberté.
Lucrèce
Jeu 6 Sep - 20:36
